• La ballade de l'Ankou

  • Extrait de La Légende de la Mort d’Anatole Le Braz

    Vieux et jeunes, suivez mon conseil.- Vous mettre sur vos gardes est mon dessein ; - Car le trépas approche, chaque jour, - Aussi bien pour l’un que pour l’autre.

    - Qui es-tu ? dit Adam. - A te voir j’ai frayeur.- Terriblement tu es maigre et défait ; - Il n’y a pas une once de viande sur tes os !
    - C’est-moi, l’Ankou, camarade ! - (C’est moi) qui planterai ma lance dans ton coeur; - Moi qui te ferai le sang aussi froid - Que le fer ou la pierre !
    - Je suis riche en ce monde ; - Des biens, j’en ai à foison ; - et si tu veux m’épargner, - Je t’en donnerai tant que tu voudras.
    - Si je voulais écouter les gens, - accepter d’eux un tribut, - (Ne fût-ce) qu’un demi-denier par personne, - je serais opulent en richesses !
    Mais je n’accepterai pas une épingle, - Et je ne ferai grâce à nul chrétien, - Car , ni à jésus, ni à la Vierge, - Je n’ai fait grâce même.
    Autrefois, les “pères anciens” - Restaient neuf cent ans sur la brèche. - Et cependant, vois, ils sont morts, - Jusqu’au dernier, voici longtemps ! Monseigneur saint Jean, l’ami de Dieu ; - Son père Jacob, qui le fut aussi ; - Moïse, pur et souverain ; - Tous, je les ai touchés de ma verge.

    Pape ni cardinal je n’épargnerai ; - Des rois (je n’en épargnerai) pas un, - Pas un roi, pas une reine, - Ni leurs princes, ni leurs princesses.
    (Je n’épargnerai) archevêque, évêque, ni prêtres, - Nobles gentilshommes ni bourgeois, - Artisans ni marchands, - Ni pareillement, les laboureurs.

    Il y a des jeunes gens de par le monde, - qui se croient nerveux et agiles ; - Si je me rencontrais avec eux, - Ils me proposeraient la lutte.
    Mais ne t’y trompe point, l’ami ! - Je suis ton plus proche compagnon, - Celui qui est à ton côté, nuit et jour, - N’attendant que l’ordre de Dieu.
    N’attendant que l’ordre de Père Eternel ! …Pauvre pécheur, je te viens appeler. - C’est moi l’Ankou, dont on ne se rachète point ! - Qui se promène invisible à travers le monde ! - Du haut du Ménez, d’un seul coupde fusil, - Je tue cinq mille (hommes) en un tas !


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